C'est l'histoire de ce chauffeur qui ne s'occupe pas de l'état de son véhicule ...
... l'histoire de ce chauffeur et de son véhicule dans la vie qu'est son corps.

 


Si tu écoutes ton corps chuchoter il n'aura pas besoin de hurler. (Proverbe tibétain)


 

N'est-ce pas parce qu'on fait le contraire qu'on parle de société du burn-out?
Parce qu'on vie dans une société où la norme est de le faire taire.
Où il est bien vue de se montrer agir à corps perdu.

C'est fou quand même que ça soit tellement courant que ça soit devenu une expression.
Agir en absence totale de considération pour ce qui arrive à son propre corps.
Mais qu'est-ce qu'il reste quand on fonctionne à corps perdu?

 

C'est typiquement une situation pour défendre un autre, une mère animal ses petits face à un prédateur.
Là, en effet, ça prend tout son sens, c'est une situation où l'on dépasse l'échelle individuelle.
Agir à corps perdu c'est s'abandonner pour une raison d'ordre supérieur.

Mais que vont devenir les petits si la mère perds son corps?
Il n'y a pas beaucoup de situations où ça a du sens d'agir à corps perdu!
Et pourtant nous vivons dans une société qui demande bien souvent d'oublier son corps.

 

Mais que peut-on faire sans corps?

 

On en a fait un outils à essorer pour en extraire toujours plus.
C'est même devenu à tors un signe d'égocentrisme de ne pas l'abandonner.
Au point qu'au travail, parfois, le moindre temps accordé à sa propre personne est mal vu.

Et pendant ce temps là, la publicité nous abreuve au contraire d' "hyper-corporalisation".
La machine bien rodée interdit le corps qui incarne l'individu singulier.
Et elle l'érige comme un totem impossible à atteindre.

 

On doit en fait montrer une image de corps parfait.
Et en même temps ne surtout pas s'occuper de le vivre parfaitement.
L'injonction est "masque les hurlements de ton corps pour qu'il reste perçu comme beau."

En psychologie ça s'appelle une double contrainte !
Montre combien tu vie avec aisance et dans un parfait bien-être.
Mais ne t'occupes surtout pas d'être bien avec ton être interne et réel, avec toi.

 


Soit toi et ne soit pas toi!
Ultime injonction paradoxale (ou double contrainte)


 

La double contrainte, expliquait l'école Palo-Alto, c'est l'autoroute vers la schizophrénie.
Ça rend fou, au sens fort, ça fait exploser l'unité interne de l'être.
Mais elle a aussi expliqué comment faire face :

La solution est de s'élever au dessus du schéma destructeur et de l'exprimer lui même.
L'expression simple de la situation, avec humour par exemple :
Où dois-je faire aimer mon corps perdu?

 

Si je l'ai perdu ! ;-)

 

Nous sommes des corps en vie, des vies en corps, et on ne peut vivre sans se vivre.
À corps perdu, à côté de ses pompes, dans les nuages, la lune...
C'est juste le manque d'en avoir conscience.

Juste un moment donné de la vie de l'esprit.
Une focalisation sur un détail qui fait perdre le sens du global.
C'est normal, naturel, je connais ça comme personne, mais je sais comment en sortir.

 

Et vous aussi bien sur : Vivez vous votre corps en cet instant précis, là, maintenant?
Vivez-vous votre respiration, votre position, votre attitude?
Vivez vous le fait d'être un corps?

 

 

Ça y est, vous y êtes?
À corps vécu.
Bravo!

 

Car fonctionner à corps perdu c'est vivre à monde perdu car il ne se vie que par son corps.
Et agir à corps vécu c'est vivre le monde par notre seul moyen d'accès au monde, son être.

Son être physique, psychique, son âme, sa spiritualité, c'est un tout indissociable à vivre.
Donc un corps perdu n'est jamais perdu, il reste avec nous, et il souffre, il exprime, il hurle!

Sur l'autoroute, votre moteur fume, voyant au rouge, vous accélérez ou vous vous arrêtez?
Vivre à corps vécu c'est pareil, on a pas toujours envie, mais ça fait du bien pour repartir.

Le cap des disciplines méditative est de solidifier ce lien au soi vécu, pour ne plus le perdre.
Vivre à corps vécu est, selon moi, une attitude plus que révolutionnaire, c'est évolutionnaire!

 

Alors à votre bon corps m'sieux dames! :-)